Un voyage à travers les mots – Chap. 1

Prémisse

En faisant défiler les paroles du dialogue entre la pauvre âme et la Voix, qui s’est plus tard déclarée celle de Notre Seigneur Jésus le Christ, j’ai perçu quelques échos de la Parole que Jésus a prononcée il y a deux mille ans en Palestine et celles de la Parole de Dieu quand il a tiré d’un peuple « au cou raide » (Ex 33,5) avec le peuple d’Israël. Même en se révéler à la pauvre âme la Voix a fait les choses lentement, comme celui qui entre discrètement dans le cœur, mais veut d’abord se faire connaître, non pas immédiatement pour se révéler pour qui il est, mais laisser le temps que la créature peut comprendre, puis communiquer son projet sur elle et l’Œuvre, qui serait formé, afin d’établir un culte plus solennel, ardent, pratique à l’Esprit Saint.

Ce serait un voyage, sans aucune revendication d’exhaustivité ou de scientificité, entre les Paroles de la Révélation et celles de la Voix pour établir un lien entre cette-ci et ceux-ci, un parallèle qui fait comprendre que c’est précisément le Seigneur qui parle et ne parle pas seulement. En fait, outre le mot, il y a aussi des attitudes du Seigneur qui donnent un sens précis à la parole qui prononce et qui sont significatives de sa nature divine conjuguée à celle de l’humain.

Par conséquent, la lecture sera structurée selon l’ordre des messages dans le livre bleu « Puissance divine d’amour », en essayant d’identifier dans le message un écho, un fait, un mot ou un sens qui a une résonance dans la Révélation. Des conclusions simples en seront tirées pour un bâtiment personnel.

Chapitre 1 – J’ai choisi ton cœur comme un petit refuge; laissez-moi entrer, j’ai besoin d’amour!

Dans cette première affirmation de la Voix, le choix du cœur de la pauvre âme, considéré comme un refuge, le fait de pouvoir y entrer et le besoin d’amour, semble avoir une résonance.

Le choix

Les choix que le Seigneur fait dans la Bible sont nombreux, souvent faits par des prophètes ou des événements. Ce sont toujours des choix qui, de l’avis des hommes et selon leur expérience, ne peuvent pas réussir. Comment un peuple de bergers peut-il réussir ? Il aurait été préférable de compter sur les Assyriens, les Babyloniens ou les Égyptiens, des populations plus culturellement et techniquement évoluées, à tous égards. Mais le Seigneur, non!, fait confiance à un petit peuple de bergers, politiquement, culturellement et techniquement insignifiant pour l’époque, en fait une promesse en la personne d’Abraham qui devient une alliance avec Moïse et une réalité avec le Christ. Le choix du Seigneur revient toujours sur la simplicité, la pauvreté des moyens et l’humilité. Le premier exemple qui me vient à l’esprit est celui du choix de David (1Sam 16,1-13). Samuel est envoyé par le Seigneur à la maison d’Isaï, avec une corne pleine d’huile pour oindre les nouveaux consacrés, car Saül, à l’époque choisie par le Seigneur, ne s’était pas montré à la hauteur. Il est vrai que le Seigneur choisit, mais l’homme est toujours libre de rejeter ce que le Seigneur a pensé pour lui. Un par un, Samuel passe en revue sept des huit fils, mais le Seigneur les écarte tous, disant à Samuel qu’il les a jetés « Il ne s’agit pas de ce que l’homme voit; l’homme regarde le visage, mais le Seigneur regarde le cœur » (1Sam 16,7). Le dernier, David, le plus jeune de la famille qui faisait le travail le plus humble, celui de paître le troupeau, est précisément le consacré, l’oint, celui que le Seigneur choisit pour le roi d’Israël et l’Écriture dit que « l’esprit du Seigneur fondit sur David à partir de ce jour. » Il était plein de l’esprit du Seigneur, et, cependant, nous devons toujours être présents comme un avertissement que cela ne l’a pas empêché de pécher. Je verrais précisément dans ce choix d’humilité et de cacher celui de la Voix, qui se tourne vers la pauvre âme pour la choisir parmi beaucoup d’autres, précisément à cause de ses qualités qui ne sont pas celles que les hommes apprécient. Parce que le Seigneur voit le cœur!

Nous pourrions trouver d’autres références dans le Saintes Écritures comme le choix de Joseph le fils d’Abraham pour sauver les personnes touchées par la famine (Gen 37,1ss), l’appel du prophète Amos (Am 7,14s) ou celui de Jérémie (Ger 1.4-10) qui de simples bergers et paysans sont appelés par le Seigneur à effectuer des œuvres dont ils n’auraient jamais rêvé (Ger 1,10). Ce sont des choix de simplicité et de concret, des choix faits dans la liberté du sujet choisi et toujours à de grandes fins.

Le Seigneur voit le Cœur

Le choix du cœur de la pauvre âme comme petit refuge, comme une demeure humble et pure, rappelle l’une des Bénédictions de l’Évangile de Matthieu (Mt 5, 8): « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! » C’est littéralement ce qui est arrivé à la pauvre âme. Il nous aide à le comprendre Saint Grégoire de Nysse[i]: « Ce qui est libre et pur de tout désir sordide, cela s’adresse certainement à l’auteur et au prince de paix, le Christ. Ceux qui dessinent et dérivent de lui, comme d’un ressort pur et non corrompu, les sentiments et les affections de son cœur, présenteront, avec son principe et son origine, une similitude telle qu’il peut avoir avec son eau de source, qui coule dans le ruisseau ou brille dans l’amphore.
En fait, la pureté qui est dans le Christ et la pureté qui est dans nos cœurs est la même. Mais le Christ est identifié à la source; la nôtre, d’autre part, vient de lui et coule en nous, traînant avec elle la beauté et l’honnêteté des pensées, de sorte qu’une certaine cohérence et l’harmonie apparaît entre l’homme intérieur et l’homme extérieur, puisque les pensées et les sentiments, qui viennent du Christ, régulent la vie et la guident dans l’ordre et la sainteté ».
Nous pouvons reconnaître dans ces mots l’attitude, la prédisposition de l’esprit, la volonté de la pauvre âme.  Elle n’a pas vu Dieu, mais elle y a parlé, elle y a confié, elle a reçu de l’affection et des invitations, et, avec les yeux de la foi, c’est plus que de le voir!

Une petite retraite

Ces paroles de la voix vous font penser à un abri de fortune, un endroit où vous pouvez vous reposer et rester en paix. Un endroit accueillant et robuste, composé précisément à cet effet. Voici à l’esprit l’hospitalité qu’une dame de Sunem a donné au prophète Elisée (2Roi 4,8ss) qui avait l’habitude d’aller à elle. Elle et son mari lui préparaient une salle de maçonnerie pour l’accueillir lors de ses fréquentes visites. Une chambre avec tout le confort de l’époque: « un lit, une table, un siège et un chandelier » pour rendre le salon aussi bon que possible. Le prophète se trouva à l’aise, et avec l’aide du Seigneur, il voulait rendre hommage à l’hospitalité avec le grand don d’un fils pour une femme qui n’avait pas été en mesure de l’avoir. Dans la pauvre âme, le refuge est constitué de son cœur, l’accueil est composé de sa grande foi et de l’amour montré et vécu, et le don est composé de la filiation spirituelle de tant de gens qui considèrent encore son message intéressant et formateur pour sa vie.

Laisse-moi entrer

Mais il reste encore un pas à faire pour nous tous, en supposant que nous avons le cœur prêt à accueillir: laissez-le entrer, parce que (Ap 3,19-21): « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime; aie donc du zèle et repens-toi. Voici que je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez toi, je souperai avec lui et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône comme moi aussi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. ». Si nous devions préparer nos cœurs, mais alors nous ne l’avons pas laissé entrer, nous n’aurions rien fait d’intéressant. Ce n’est que si nous lui ouvrons la porte que nous aurons trouvé le fin de notre existence, qui sera non seulement en mangeant avec lui, mais, et surtout, parce que nous nous assoirons avec lui sur son trône qui est celui du Père. Cette promesse que je verrais accomplie précisément dans la vie de la pauvre âme qui a été réprimandée et éduquée, a préparé son cœur et l’a ouvert à la présence du Christ, elle a dînée avec lui à la cantine eucharistique et maintenant, nous espérons tous qu’elle est sur le trône avec lui, de sa grâce et de sa miséricorde.

Je terminerais donc par un appel de saint Jean-Paul II[ii] : « Frères et Sœurs ! N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir !
[…] N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme » ! Et lui seul le sait ! ».

[i] Traité « L’idéal parfait d’un chrétien »

[ii] Homélie de sa sainteté Jean-Paul II pour la messe solennelle d’intronisation, Dimanche 22 octobre 1978